LETTRE OUVERTE A MONSIEUR MANUEL VALLS 

PREMIER MINISTRE 

 

Monsieur le Premier Ministre, 

 

Nous nous adressons à vous dans des circonstances difficiles pour notre pays, dont nous sommes bien conscientes qu’elles sont prioritaires dans vos préoccupations. 

 

Plus que jamais, la culture apparaît comme un rempart indispensable contre l’obscurantisme et la barbarie. Les guides-conférenciers sont des acteurs incontournables de la transmission culturelle, ils favorisent la reconnaissance et l’échange entre les peuples et portent les valeurs de notre culture. 

 

Aujourd’hui, ils sont pourtant menacés dans la définition même de leur métier par la position dogmatique de certains de leurs interlocuteurs institutionnels. 

 

C’est pourquoi, en tant qu’organisations représentatives de cette profession, nous avons le devoir de porter à votre connaissance notre grande préoccupation concernant l’issue de la concertation en cours, qui réunit les ministères de tutelle, les guides-conférenciers et les professionnels concernés. 

 

Notre métier a déjà fait l’objet en 2011 d’une importante réforme visant à simplifier et harmoniser sa pratique. Malgré une réglementation a minima, les guides-conférenciers ont vu leur activité à nouveau menacée en 2014 par les nouvelles dispositions législatives. 

 

Ayant obtenu du Cabinet de madame Carole Delga et de celui de madame Fleur Pellerin l’assurance du maintien de la réserve d’activité qui nous est accordée par le code du Tourisme, nous avons accepté avec confiance de nous engager dans le processus de concertation qui nous a été proposé. 

 

Les objectifs du ministère de la Culture et de la Communication, qui conduit ces réunions avec des représentants de la DGE (Bureau des professions du tourisme) ont été ainsi définis : dresser un état des lieux de la profession sous tous ses aspects en s’appuyant sur l’expertise de professionnels, et élaborer des recommandations destinées à l’ensemble des acteurs du tourisme culturel. 

 

Nous souhaitons que ces préconisations servent également de base de réflexion aux guides-conférenciers, pour envisager de manière positive l’évolution de leur profession. 

 

Or depuis le début de ces rencontres, nous constatons que les représentants de la DGE ont une attitude négative voire même provocatrice, qui fausse les débats et l’issue de cette concertation. 

 

Ils assistent aux réunions sans prendre acte des avis des experts consultés, et refusent de s’engager dans un dialogue constructif. 

 

De plus le Bureau des professions du tourisme, dans le cadre de l’exercice d’évaluation des professions réglementées requis par la Commission Européenne, a mené récemment l’évaluation de la réglementation concernant les guides-conférenciers, sans nous associer à ce processus, ni même nous informer. 

 

Alors même que la concertation se poursuit, les représentants de la DGE ont affirmé lors de la dernière réunion avoir déjà arrêté, unilatéralement, leur position. Ils font ainsi preuve, sans pouvoir avancer une argumentation juridique suffisante, d’une évidente volonté de sur-transposition de la Directive 2005/36/CE. 

 

Enfin, leur intention affirmée d’ouvrir largement la profession à des personnes sans qualifications spécifiques démontre le mépris dans lequel nos interlocuteurs de la DGE tiennent les guides-conférenciers, leurs partenaires et clients, et la promotion du patrimoine culturel français. 

 

Cette position apparaît d’autant plus inacceptable qu’elle va à l’encontre de toutes les préconisations des professionnels invités aux réunions de concertation : les représentants des musées et monuments nationaux, des réseaux des Villes et Pays d’art et d’histoire , des opérateurs de voyages et de séjours, des offices de tourisme de France et des autocaristes ont tous, sans exception, affirmé avec force leur souhait de voir maintenues les dispositions actuelles, garantes de la qualité des prestations fournies à leur clientèle. Nous avons également le soutien des établissements d’Enseignement supérieur en charge de la formation des guides-conférenciers. 

 

Monsieur le Premier Ministre, nous tenions à porter à votre connaissance cette situation qui inquiète au plus haut point la profession et qui va à l’encontre de l’avis de l’ensemble des acteurs de la médiation culturelle et de l’industrie du tourisme. 

 

Nous vous demandons d’apporter toute votre attention à ce dossier ; nous comptons sur votre soutien, comme sur celui des représentants de la nation que nous avons à nouveau sollicités. 

Il y va de l’avenir de toute une profession et du respect du patrimoine et des publics qui s’y intéressent. 

Veuillez croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’expression de notre très haute considération. 

 

 

 Delphine GODEFROY 

Présidente de l’ANCOVART 

 

Armelle VILLEPELET 

Présidente de la FNGIC 

 

Hélène NORLÖFF 

Présidente du SNG-C 

 

Camille PERRIERE 

Présidente du SPGIC